Voici le portrait de l'Oiseau-Qui-N'Existe-Pas.
Ce n'est pas sa faute si le Bon Dieu qui a tout fait a oublié de le faire.
Il ressemble à beaucoup d'oiseaux, parce que les bêtes qui n'existent pas
ressemblent à celles qui existent.
Mais celles qui n'existent pas n'ont pas de nom.
Et voilà pourquoi cet oiseau s'appelle l'Oiseau-Qui-N'Existe-Pas.
Et pourquoi il est si triste.
Il dort peut-être, ou il attend qu'on lui permette d'exister.
Il voudrait savoir s'il peut ouvrir le bec, s'il a des ailes, s'il est capable de
plonger dans l'eau sans perdre ses couleurs, comme un vrai oiseau.
Il voudrait s'entendre chanter.
Il voudrait avoir peur de mourir un jour.
Il voudrait faire des petits oiseaux très laids, très vivants.
Le rêve d'un oiseau-qui-n'existe-pas, c'est de ne plus être un rêve. Personne n'est jamais content.
Et comment voulez-vous que le monde puisse aller bien dans ces conditions ?
Claude Aveline, Paris, 1950
Différence illustration/ interprétation/ création
Mots clés dégagés du poème = pistes pour le travail
PORTRAIT / HYBRIDATION / IDENTITÉ / ÉMOTION
IMAGINAIRE/RÉEL MONTRER PAR L'ABSENCE
Références artistiques:
Michel Ange « La Création d’Adam » 1511-1512, 280 × 570 cm
Poème et illustration originale de Claude Aveline